Limites Numériques #4

Salutations !

Commençons par les actus du projet Limites Numériques puisque nous lançons le site limitesnumeriques.fr !

Vous y trouverez nos travaux documentés, du contenu utile pour sensibiliser ou s’acculturer sur le sujet, des formats d’animation et bien d’autres choses.

Voici les premiers contenus :

  • “Démontage Conférencé” : un format un peu particulier de sensibilisation à l’empreinte du numérique et à sa matérialité : les participant·es sont amenés à démonter des objets numériques pendant qu’un·e intervenant·e anime une conférence où les données sur le sujet sont visualisées graphiquement ou physiquement.Concentration moyenne du cuivre dans les mines d’extractionPlusieurs moyens de visualisation sont documentés. Nous avons même dédié une page composée de plusieurs visualisations en emojis et glyphs. Résultat : hyper léger et facilement copier-collable dans vos présentations !

La longueur cumulée des câbles sous marins ? – 32 fois le tour de la Terre :
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Attachement et détachement

À l’approche de Noël, il est temps de parler d’attachement et détachement à nos objets 🎁.

  • Pourquoi garde-t-on certains objets alors que nous jetons les autres sans vergogne ? W. Odom et ses collègues en analysent les raisons. Si cet attachement est difficilement anticipable, on note néanmoins que les objets (traditionnels ou numériques) dont le design et les choix techniques permettent la personnalisation, la reconfiguration ou la modularité, restent plus longtemps dans les mains ou tiroirs de leurs propriétaires. (On pense aussi à l’effet Ikea : nous accordons une grande valeur aux objets que nous fabriquons). Les principes ont été testé dans un processus de création d’objets plus durables dans cette étude.

Néanmoins, penser qu’augmenter l’attachement à nos objets augmentera leur durée de vie nous semble une question mal posée. Surtout quand il s’agit d’usage d’objets et services numériques, il est plus souvent question de dépendance, de captation, bref d’attachement. Il est souvent difficile de faire sans telle messagerie, telle application, telle technologie sans risquer frictions et coupures sociales. Ne plus pouvoir acheter ses billets autrement que sur de récents smartphones participent à leur renouvellement. Il nous intéresse de penser la détachabilité technique, voire le “non-usage” :

Régulation

  • Un forfait réparation d’équipements électriques de 10€ à 45€ à partir du 15 décembre dans le cadre de la loi Agec. La liste des équipements concernés.
  • En septembre la doctorante Esther Noël intervenait sur le thème Obsolescence logicielle et environnement : une inefficacité juridique assumée ? Dans son intervention, l’obsolescence logicielle est principalement vue à travers les mises à jour pouvant entraîner une dégradation de l’usage. Elle y rappelle la difficulté du droit à traiter des questions d’obsolescence en particulier logicielle qui ont jusque là relativement échappées à la réglementation. Les fabricants auraient ainsi pu augmenter les formes d’obsolescence logicielle ces dernières années. S’il n’existe actuellement peu d’outils de régulation, les choses commencent selon elle à bouger :

Obsolescence

Sans limites

Pub wetransfer "la limite n'existe (vraiment) pas"

Trouvé sur Wetransfer

En vrac

Le Kenyan DJ Boboss mixe sur une platine très low-tech, réalisée à partir de différents objets et composants électroniques.

Photo du DJ Boboss mixant sur une platine low-tech
Capture de l'écran de configuration énergétique d'ios 16 avec le chargement en énergie "propre" activé par défaut

L’anecdote

Léa, de l’équipe, fait des BD pour rendre compte des entretiens qu’elle a mené. Retrouvez l’histoire complète ici.

Histoire d'Enzo doctorant
Enzo a vécu sans téléphone pendant six mois

Merci de nous suivre et à bientôt !

Pour archivage – synthétisé pour la newsletter n°4

Les notes de l’indice de réparabilité sont globalement hautes. Trop ? Ifixit, qui réalise une notation de son côté essaie de trouver pourquoi ? Par exemple les smartphones bénéficiant d’un bon SAV peuvent profiter d’une bonne note même s’ils sont difficiles à ouvrir.

Le New York Times revient sur la maintenance des smartphones. Il fait notamment référence à une étude de 2021 sur le taux de remplacement de produits électroniques en Europe de l’ouest.

Age estimé de produits électroniques au moment de leur remplacement (smartphone, aspirateur, télévision, machine à laver)

Pour les smartphones, le sentiment de baisse de performance semblait à l’origine d’une valeur d’usage décroissante, alors que l’efficacité énergétique (batterie) et le sentiment qu’il est temps pour un nouveau smartphone (en comparaison à d’autres) poussaient au renouvellement.

Cette enquête s’inscrit dans le cadre du projet européen PROMPT (PRemature Obsolescence independent Multi-stakeholder Product Testing programme) qui vise à développer un programme de tests pour évaluer la durée de vie de produits de consommation. L’ambition est d’ “étendre la durée de vie des projets et mieux les intégrer dans une économie circulaire”. Le projet implique Fraunhofer IZM et TU Delft, des associations de consommateurs européens (dont Que Choisir), et des réparateurs (iFixit et R.U.S.Z.)

L’article du NYT évoque par ailleurs une étude du Consumer Reports (un équivalent de l’UFC Que Choisir américain) soulignant les difficultés de réparation. Au cours des cinq dernières années, 25% des interrogés avaient essayé de faire réparer leur téléphone avant de finalement le remplacer, seulement 16% réussissant à le faire réparer. Le reste utilisant un téléphoné cassé, ou le remplaçant.

Articles et livres universitaires

Avec le black Friday et les emplettes de noel en ligne de mire, on va parler d’attachement (aux objets) et de suffisance.

  • William Odom et ses collègues se posaient la question de pourquoi on garde certains objets et on en jette d’autre. En s’appuyant sur les travaux de Peter-Paul Verbeek, ils proposent d’analyser les attachements au prisme de trois propriétés des objets : la fonction, la symbolique, et les qualités matérielles.
  • Dans sa thèse Christian Remy s’est intéressé à la mise en application du “attachment framework” développé plus haut, par des designers. Son étude montre les limites d’un exercice ponctuel de création d’attachement objet par objet, et le besoin d’un changement de cadre plus systémique.
  • Ruth Mugge a aussi enquêté sur l’attachement dans le cadre de sa thèse entre design et marketing Product attachment (2007), elle y développe une approche psychologique centrée sur les émotions, qui rend peu compte des aspects sociaux et situés des attachements, s’intéressant plutôt aux choix de consommation et à la présentation de soi. R. Mugge est co-autrice de l’étude sur l’obsolescence mentionnée plus haut et participe au projet PROMPT.

Nous avions déjà évoqué dans notre 1e édition l’article Digital sufficiency: conceptual considerations for ICTs on a finite planet. Une autre forme de suffisance qui nous intéresse est le non usage.

  • Andres Lucero a vécu sans téléphone portable pendant 9 ans, et le raconte sous forme d’auto-ethnographie dans Living Without a Mobile Phone : An Autoethnography.
  • Christine Satchell et Paul Dourish, parle de non usages dans Beyond The User: Use And Non-Use in HCI. Ils présentent les formes suivantes de non usage :
    • Le “retard” d’adoption, critiquant au passage les modèles de diffusion de l’innovation, et la présupposition qu’à terme l’adoption viendra ;
    • La résistance active, se distingue du retard par des actions délibérées pour ne pas adopter une technologie ;
    • Le désenchantement qui se traduit plutôt par un usage partiel, à reculons ;
    • La marginalisation qui empêche certains usages, on peut penser aux enjeux d’accessibilité, mais aussi à la marginalisation financière, sociale, spatiale qui conditionne les (non)-usages ;
    • Le déplacement, quand l’usage se fait par un intermédiaire: une autre personne, un autre dispositif, une autre technologie ;
    • Le désintérêt, soit qu’une technologie établie deviennent moins utile et s’efface progressivement, soit au contraire qu’une émergeante ne suscite que peu d’intérêt.

Limites Numériques #3

Bonjour tout le monde, ce mois-ci on se penche sur la maintenance, la réparation, le soin de nos équipements numériques ↓

Obsolescence

Et si on “terminait” les applications ?

Plus fondamentalement cela pose la question de comment se répartit la charge de la maintenance du numérique, entre les équipes de développement, les plateformes d’intermédiation, les utilisateurs (dans leur pluralité) et une classe dédiée de réparateurs.

Dans Permanently Beta, écrit en 2002, Gina Neff et David Stark discutent de l’effet des process de développement informatique itératifs (et les mises à jour constantes) sur les modes d’organisation des entreprises du numérique.

Il y a quelques jours, d’anciens ingénieurs de Google ou Uber discutaient du cycle “Launch, Promo, Abandon” sur Twitter et Reddit : le lancement d’un produit étant un critère important pour les promotions de carrière, et ayant pour effet que nombre d’ingénieurs ayant participé au lancement quitte les équipes produit pour en rejoindre de nouvelles, laissant à d’autre les tâches de maintenance et d’évolution.

Ceci dans un contexte où Stadia, la plateforme de “cloud gaming” de Google fermera l’année prochaine. Pourra t’on utiliser les manettes Stadia en bluetooth après cela ? Pour le moment non, car Google n’a jamais activé la fonctionnalité, et il faudrait une mise à jour du firmware pour le faire. Mais vu que tout le monde est parti…

Livres & papiers de recherche

  • Dans cet article / essai [en], Shannon Mattern invite à mieux étudier les pratiques de maintenance et de soin de nos objets, nos environnements, nos villes et nos relations sociales, là ou l’innovation est trop souvent le paradigme dominant. Elle nous invite à reconnaître la place de tous ces actes de préservation et de conservation, formels et informels tout en prévenant des risques d’une romantisation de ces activités, souvent effectuées par des classes défavorisées. Une approche qui nous suggère de s’interroger sur ce qui, aussi, ne devrait plus être maintenu, que l’on devrait délibérément fermé.
  • Dans Le soin des choses, sorti récemment, Jérôme Denis et David Pontille explorent la multitude d’objets, d’activités et de figures qui font la maintenance. Voir cette présentation récente des auteurs.
  • En 2020, Lee Vinsel et Andrew L. Russell deux membres de l’équipe des Maintainers, publiaient The innovation delusion dans lequel ils critiquent l’idéologie de la nouveauté permanente, des risques qu’elle induit et du coût qu’elle a justement sur les activités de soin et de maintenance.
  • Enfin ce sujet est également traité par Nicolas Nova, récemment interviewé dans le Code a Changé, qui a enquêté sur les boutiques de réparation du coin de la rue. En se montant comme un réseau d’expertise parallèle, ouverts à tous y compris aux populations parfois exclues comme les migrant·es, ces boutiques sont devenues un élément central dans cette économie de la réparation.
    Si vous voulez creuser, Nicolas et Anaïs Bloch ont publié Dr. Smartphone, An ethnography of mobile phone repair shops [en] composé d’observations photo, BD et comptes-rendus. Il y a aussi d’autres études sur ces magasins en Corée du Sud, Bangladesh, Philippines, Inde.Disponible en ligne ici
  • Dans Repair and software [en] Jason Farman nous rappelle la relation tendue entre logiciel et matériel quand il est question de réparation et de maintenance de smartphones.

“Ce n’est pas simplement l’objet physique qui a besoin de réparation ou de maintenance, mais l’objet physique dans sa relation avec la mise à jour perpétuelle du logiciel.”

Systèmes d’exploitation pris en charge par les appareils Apple

No Limit

Régulation

Actu de l’équipe Limites Numériques

Événements à venir

En vrac

Anecdotes des lecteurs·rices :

N’hésitez pas à nous envoyer en retour de mail vos anecdotes sur le sujet.

Elie nous raconte

Voici mon casque bluetooth qui avait les mousses qui partaient en lambeau, je les ai rénovées avec un bien plus joli tissu ! D’ailleurs, la connexion jack a cessé de fonctionner un an après l’achat, mais après plus de 5 années d’usage il marche toujours aussi bien en bluetooth !

Alix nous raconte

J’ai acheté un dumb phone au moment ou mon iPhone 5s a cessé de se charger. Je voulais depuis longtemps passer a un outil moins chronophage. J’ai récupéré un appareil photo numérique et un iPod pour la musique, j’imprime des cartes ou j’écris des itinéraires sur mon bras avant de partir mais je me balade souvent avec mon ordinateur pour acheter des billets de train, répondre à des mails. J’ai aussi parfois l’impression de m’isoler de cette manière car je n’ai plus accès aux interactions sociales liées aux fonctions des réseaux sociaux et discussions de groupe.

Merci pour votre lecture et à bientôt !

Partenaire financier

Limites Numériques #2

Bonjour tout le monde !
Vous êtes nombreux et nombreuses à nous suivre, on est ravis !

C’est parti pour ce numéro de rentrée :

Changement climatique & numérique

Papiers de recherche

  • La consommation de la plupart des métaux continue d’augmenter de manière exponentielle. Dans ce papier les chercheurs quantifient la durée de vie de ces métaux de leur extraction à leur fin de vie où il deviennent inutilisables. Résultat : la plupart des métaux considérés comme les plus critiques pour notre économie (cobalt, chrome, nickel…) utilisés dans la high-tech, sont également ceux qui ont la durée de vie la plus courte : une décennie voire 1 année pour certains. Une durée de vie liée, entre autres, aux difficultés de recyclage et bien entendu à la durée de vie des équipements.
  • Nos disques durs mécaniques (HDD) sont remplacés peu à peu par les disques durs à mémoire flash (SSD) plus rapides. Néanmoins ces derniers ont un impact carbone plus élevé : quasi le double sur 5 ou 10 ans de leur durée de vie. Bien qu’ils soient plus économe en énergie sur la phase d’usage, leur fabrication est nettement plus élevée. Plutôt que d’opter automatiquement pour la dernière technologie, cet article plaide pour un choix éclairé en fonction des usages de stockage (local ou cloud…).
  • Low-tech, limites numériques, tech situées, informatique conviviale, on se perd dans le foisement de termes. Dans un article publié l’année dernière dans la conférence Limits, Marloes de Valk revient sur cette terminologie.
  • Les box internet sont allumées tout le temps même si elles ne sont pas utilisées et leur consommation énergétique n’est pas proportionnelle à la quantité de données qui y circule. De ces constats, ce chercheur dresse quelques pistes de réductions d’impact comme diminuer le temps de démarrage et réduire ainsi la friction lié à l’extinction des appareils. Mais il mentionne surtout l’impact principal : la fabrication de nos box, et leur durée de vie problématique de 3 à 5 ans alors qu’il n’y a pratiquement aucune raison de ne pas les utiliser plus longtemps. Peut être pourrions nous aussi reconsidérer ce moyen simple que sont les prises Ethernet ? Le papier en question.

Obsolescence logicielle

  • Selon une étude de Newthink, la moitié des terminaux installés en entreprise seraient incapables d’installer le nouveau Windows 11, trop exigeant en ressources matérielles. Sachant que la fin du support de Windows 10 est prévu pour 2025, les entreprises seront donc contraintes à changer une énorme quantité de matériel, pourtant principale source d’impact.
  • Le jeu vidéo BACKFIREWALL_ vous plonge à l’intérieur de votre smartphone : Vous êtes l’assistant de mise à jour et devez sauvez le précédent système d’exploitation de la suppression. Une drôle de fable sur l’obsolescence programmée qu’on a hâte de tester. Une interview des créatrices.
  • Ce journaliste de Numerama repasse 1 journée avec le premier Iphone de 2007. Quelques observations intéressantes :
    • Une taille relativement petite qu’on n’a plus l’habitude d’utiliser ;
    • Le réseau 2G quasiment obsolète ;
    • L’appstore fonctionne encore, mais les applications offertes (Facebook, Instagram etc) ne fonctionnent plus et il est impossible d’avoir les anciennes versions. L’application Youtube ne peux même plus accéder aux serveurs ;
    • Une prise jack qui est toujours possible d’utiliser mais qui a disparu depuis 2016 sur les iphones et malheureusement en voie d’extinction avec l’arrivée des écouteurs et casques sans fils qui ne se réparent pas, ne se recycle quasi pas, utilisent une quantité bien plus importante de ressources, et ont une de durée de vie d’environ 2 ans contre 10 ans pour les filaires. #SaveJack.

Pratiques

  • L’entreprise Fairphone montre l’exemple et rend le code de son Fairphone 3 open source, luttant contre l’obsolescence logicielle en facilitant le maintient et la mise à jour de son code, ou permettant d’autres utilisations de l’appareil (en micro-ordinateur par exemple).On en profite pour partager d’autres OS mobiles alternatifs dont nous suivons l’évolution :
    • LineageOS est un OS basé sur Android. Maintenu par de nombreux contributeurs qui adaptent les versions récentes d’Android et offre des fonctionnalités non permises par Android “classique”. Ces ports, mis à jours plus régulièrement que ceux des fabricants, permettent de mettre à jour des smartphones vieux de 10 ans.
    • e/OS/ un fork de LineageOS, offrant plus de facilités d’utilisation, et qui permet de se passer des dépendances à Google d’Android.
    • iodé un autre fork de Lineage.
    e/OS/ et iodé offrent tous les deux la possibilité d’acheter des téléphones remis à neuf avec leurs OS pré-installés dessus.

Régulation

Anecdotes

  • Nicolas a toujours deux téléphones sur lui : un vieil Iphone pour juste prendre des photos + un dumbphone pour vraiment téléphoner. Un choix motivé par des raisons de réduction de l’attention tout en gardant un appareil photo sur lui.
  • Emmanuel a voulu changer son écran cassé mais celui qu’il a commandé n’était pas de la bonne taille. Il a donc construit une coque en bois avec charnières sur lequel il a fixé son écran.
  • Laurène a un Iphone 5. Pour acheter les billets d’un festival cet été et les présenter à l’entrée, il est obligatoire de passer par la plateforme DICE qui ne fonctionne que via une application mobile. L’application ne s’installe pas sur son Iphone. Trop vieux lui dit-on. Elle est donc obligé de se connecter sur les smartphones de ses amis pour accéder à ses billets.
    Elle a finalement opté pour un nouvel Iphone, la plupart des applications ne fonctionnant plus sur sa version d’iOS.
  • Ludivine a cassé son écran, et des petits bouts de verre commençaient à partir. Pour ne pas que ça devienne dangereux, elle a entouré l’écran de film plastique pour les retenir. Elle a tenu 1 ou 2 mois comme ça, mais les bouts de verre déchiraient le film. Elle a fini par racheter un téléphone.

Si vous avez vous aussi des anecdotes, des photos, sur des manière de prolonger vos équipements ou réduire leurs impacts, n’hésitez pas à nous les envoyer en répondant à cette newsletter ou par mail à limites[at]services[.]cnrs[.]fr ! Vos retours précieux alimenteront notre travail.

L’actu du projet Limites Numériques

  • Léa lance une enquête sur les facteurs d’obsolescence de vos smartphones et raisons liées au matériel et aux logiciels de leur renouvellement. Si vous voulez nous aider, c’est par ici.

Évènements à venir

  • Le GreenTech Forum le 1er et 2 décembre. Nous y présenterons l’avancée de notre recherche lors de la conférence “Allonger la durée d’usage des équipements numériques : leviers, techniques et approche culturelle”
  • Début octobre on se retrouve aux Rencontres Ruralités et Numérique à Lalouvesc en Ardèche, notamment autour d’une table ronde sur : le numérique, décloisonnement ou contrainte ?

En vrac :

Merci pour votre lecture et à bientôt !

Partenaire financier

Limites Numériques #1

Bonjour à toutes et tous,

Voici donc le premier numéro de la newsletter Limites Numériques. Si vous voulez un petit mot de présentation ça se passe par ici. On teste un peu le format donc n’hésitez pas à nous faire des retours ☺️

C’est parti !

Innovation

  • L’ordinateur réparable et modulaire frame.work propose d’acheter sa carte mère seule et la met en open source pour permettre la création de divers projets.
  • À Vivatech, Dell a présenté son Luna, un concept de laptop ultra réparable : design modulaire, carte mère avec de la fibre de lin et une colle hydrosoluble pour changer plus facilement les composants etc.
  • Meta revient sur quelques choix de conception d’Instagram Lite, une version allégée de l’application (un design pour de plus petits écrans, moins de mémoire vive, consomme moins de données…). En revanche l’ambition n’est malheureusement pas vraiment écologique mais plutôt de développer le marché dans les pays en voie de développement. D’ailleurs l’appli n’est pas encore vraiment disponible en France.

Régulation

  • L’Union Européenne s’accorde pour obliger le chargeur universel sur les smartphones tablettes et casques dès 2024. Puis 2026 pour les ordinateurs. La mesure permettrait d’économiser 10 000 tonnes de déchets.
  • L’une des nombreuses implications du DMA (pour Digital Market Act, une nouvelle législation européenne visant les grands entreprises du numérique) est de mettre fin aux restrictions d’Apple concernant les navigateurs web sur iOS. En effet Apple limite ses concurrents à utiliser le moteur de rendu de la marque, utilisé pour Safari. Si bien que si vous téléchargez autre chose, ce ne sont plus ou moins que des copies de Safari. Cette limite empêche aujourd’hui ses concurrents de proposer des alternatives différenciantes (comme un navigateur plus léger ?). Avec le DMA, interdisant aux entreprises d’utiliser leur position dominante pour imposer l’utilisation de leur services, il se pourrait qu’Apple doit revoir sa stratégie sur son iOS. À suivre donc.
  • L’État de New-York fait passer une loi qui transforme la réparation des objets électroniques en droit.

Papier de recherche

  • Cet article [En] s’intéresse au concept de suffisance numérique et propose une matrice d’actions en 4 dimensions :
    • Suffisance du matériel pour réduire le nombre d’appareils (conception modulaire, appareils plus petits, utilisation partagée entre perso et travail etc)
    • Suffisance du logiciel pour réduire le trafic et les capacités de calculs et de stockage (Énergie minimale, des infrastructures en veille pendant les faibles taux d’utilisation, limitation de la vitesse de connexion sans fil etc)
    • Suffisance d’usage pour réduire l’utilisation des appareils par les utilisateurs (comment acheter seulement ce dont on a besoin en capacité, taille, volume etc)
    • Suffisance économique où les gains permis par les technologies devraient permettre une réduction des heures de travail par exemple.

Pratique(s)

  • Un article d’Octo qui mesure la perception de l’obsolescence de l’internaute visitant un service trop lourd. Mesurer l’obsolescence perçue d’un·e internaute permettrait de s’assurer que l’expérience utilisateur soit suffisante pour que cela ne soit pas une tentation supplémentaire pour l’internaute de changer de machines prématurément. Autrement dit, même si le site est lourd, comment le concevoir de telle manière qu’il ne soit pas perçu comme lourd et incite l’internaute à vouloir renouveler ses équipements.

Idées et réflexions

  • Les pics de chaleur mettent à mal la résistance du matériel des datacenters, sans oublier que leur consommation en eau par exemple, participe au stress hydrique d’un territoire. Comment pourrait-on créer des usages de consommation web “de saison” (cf cette idée) ? Un plug-in web ou un paramètre corrélé aux pics de chaleur réduisant l’utilisation de données ou bloquant certaines fonctionnalités en ligne pendant les grosses canicules, et limiter ainsi le recours au refroidissement (eau, électricité, fluides frigorigènes) et/ou le renouvellement du matériel pour des serveurs plus résistants.
  • Jason Farman auteur notamment de “Delayed Response: The Art of Waiting from the Ancient to the Instant World”, discute de l’attente et de la perception du temps dans nos interactions avec les dispositifs numériques (voir aussi cette conférence) :

Lorsque le Xerox Star, l’un des premiers ordinateurs commerciaux en réseau, est sorti en 1981, il permit aux gens de faire des choses à une vitesse qu’ils n’avaient jamais pu atteindre auparavant. “Pourtant, cela ne faisait pas partie des sentiments ou des perceptions des gens. Ils avaient simplement l’impression d’aller très lentement, même si, si vous comparez avec ce que vous auriez dû faire sans le Star, c’était nettement plus rapide”, me disait Brad A. Myers, professeur d’informatique. Le sentiment dominant des gens à propos de cet ordinateur était qu’il mettait une éternité à se charger. Il mettait une éternité à échanger des fichiers. Il mettait une éternité à échanger des messages. Il prenait une éternité, même s’il était plus rapide que tout ce qui avait été fait auparavant.

  • Ce laptop permettait d’ajouter ou enlever de la mémoire directement depuis le clavier.
  • Cet article [en] d’Evgeny Morozov revient sur la capacité du techno-capitalisme à transférer les coûts (économiques et environnementaux) des services numériques ailleurs. Un ressentis des coûts qui sont transférés soit à d’autres, soit payés par les générations futures. Les Google et Facebook ont réussi à convertir les données des utilisateurs en subventions implicites qui couvrent les coûts non négligeable de leur service. On paye sans payer. Ce transfert nous oblige à croire que ces services et technologies ne sont alors que progrès. En ne présumant pas des coûts, nous n’avons pas besoin de se soucier de créer des alternatives au système en place. Pour l’auteur, le véritable enjeu pour réorienter nos technologies numériques serait d’en expliciter les coûts. Enjeu qui résonne évidemment chez nous avec la question de la perception des coûts environnementaux dans les interfaces elles-mêmes.Lorsque les coûts réels de son fonctionnement sont conçus ailleurs, pour être ressentis par d’autres ou beaucoup plus tard, il n’est pas étonnant que le capitalisme apparaisse comme un système bienveillant.
  • L’atelier vélo comme exemple d’espace de réparation et de sociabilité. Mais est ce que ce modèle s’applique à d’autres objets techniques plus complexes ? Est ce que ce type de modèles ne cache pas d’autres formes et d’autres espaces plus négligés ? [en]Dans les ateliers vélo, le goût pour les objets s’épanouit à partir des restes de la société de consommation. Lorsqu’on entre pour la première fois dans un de ces ateliers, on découvre des centaines de pièces et de vélos récupérés, des draisiennes, des tricycles, des vélos à cocktail, des vélos géants, sans compter les outils. Depuis le début du XXe siècle, la production et la consommation de vélos sont telles qu’il est possible de se déplacer au quotidien sans jamais acheter de vélo neuf, en récupérant et en bricolant les vélos existants.

L’actu du projet Limites Numériques

Tout se met en place ! Patience nous allons bientôt commencer à publier quelques travaux. Notamment un travail d’enquête sur les paramètres de quelques applications mobiles et comment ceux-ci peuvent jouer directement ou indirectement sur l’impact écologique du smartphone.

En attendant on vous présente Léa Mosesso, designer en stage qui nous rejoint sur le projet. Elle est designer d’interactions et étudiante dans un master pluridisciplinaire qui forme à la redirection écologique. Pendant son stage, elle mènera des entretiens pour mieux comprendre la part logicielle dans le remplacement des appareils numériques. Le but étant de récolter des informations sur les facteurs d’obsolescence, mais aussi les stratégies de prolongement de la vie des appareils.

Voici également quelques photos d’une intervention de Thomas à la ferme et tiers-lieux paysan la Martinière sur la thématique de la matérialité du numérique et territoire. Nous y testions un format particulier de conférence, où les données sur l’impact du numérique sont accompagnées par des visualisations physiques (en lego, déchets électroniques, pèse-personne…) pour mieux appréhender les ordres de grandeur. Les participant·es sont aussi invités à déconstruire en même temps quelques équipements numériques.

Datavisualisations concernant la taille de différents contenus (image, mail ou 1h de Netflix), la part de l’impact d’un smartphone lié à sa fabrication, le taux de concentration de certains minerais etc.

Évènements à venir

  • SICT 2022 : Une école doctorale du 29/08 au 02/09 à Grenoble pour réfléchir au rôle des technologies de l’information et de la communication dans l’Anthropocène et un monde post-croissance.

Merci de nous avoir lu !

L’équipe Limites Numériques.

Weekly reads 2021-08-16

HCI

STS

Anthropocene

News

Dev documentation

Listened to

Added to the reading list

Books, one day …

Weekly reads 2021-02-22

Sovereignty

HCI & AI

Talks

Weekly reads 2021-02-15

Design & Anthropocène

HCI & AI

Talks

Added to the reading list

Books, one day …

  • Environnement et idéologie – Vers une écologie critique (1972) de Tomás Maldonado
  • From Counterculture to Cyberculture : Stewart Brand, the Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism, (2006) by Fred Turner. University Of Chicago Press.
  • Bootstrapping: Douglas Engelbart, Coevolution, and the Origins of Personal Computing (2000) par Thierry Bardini
  • Anthropologie du projet (2015) par Jean-Pierre Boutinet. PUF.
  • The Stack| On Software and Sovereignty by Benjamin H. Bratton. MIT Press

Weekly reads 2021-02-08

Anthropocene

HCI & AI

Political economy

Covid

Weekly reads 2021-01-11

Conspiracy

STS

HCI at large

Anthropocene

the nature of natural climate solutions is far from self-evident, and that the boundaries of this category arise from a particular and contestable conceptualization of what constitutes external, non-human nature

 Selected climate solutions subject to a conflated natural–unnatural binary

As counterbalance :

Bio-sensing for the win :

Covid

BACKGROUND: In an effort to mitigate the spread of severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2), North Carolina (NC) closed its K–12 public schools to in-person instruction on 03/14/2020. On 07/15/2020, NC’s governor announced schools could open via remote learning or a “hybrid” model that combined in-person and remote instruction. In August 2020, 56 of 115 NC school districts joined the ABC Science Collaborative (ABCs) to implement public health measures to prevent SARS-CoV-2 transmission and share lessons learned. We describe secondary transmission of SARS-CoV-2 within participating NC school districts during the first 9 weeks of in-person instruction in the 2020–2021 academic school year.

METHODS: From 08/15/2020–10/23/2020, 11 of 56 school districts participating in ABCs were open for in-person instruction for all 9 weeks of the first quarter and agreed to track incidence and secondary transmission of SARS-CoV-2. Local health department staff adjudicated secondary transmission. Superintendents met weekly with ABCs faculty to share lessons learned and develop prevention methods.

RESULTS: Over 9 weeks, 11 participating school districts had more than 90,000 students and staff attend school in-person; of these, there were 773 community-acquired SARS-CoV-2 infections documented by molecular testing. Through contact tracing, NC health department staff determined an additional 32 infections were acquired within schools. No instances of child-to-adult transmission of SARS-CoV-2 were reported within schools.

CONCLUSIONS: In the first 9 weeks of in-person instruction in NC schools, we found extremely limited within-school secondary transmission of SARS-CoV-2, as determined by contact tracing.

Syllabi

We are living in the midst of a digital transformation of society. The industrial revolution happened, and it’s over. Yet, design practice is stuck in the past and struggles to reconcile human values and algorithmic logics into socially, economically and politically sustainable models. We lack the knowledge, skills and roles within companies or organisations to design for interaction with autonomous technologies in ways actually beneficial to humankind, and thus to responsibly anticipate and steer this transformation. Imagining and manifesting alternative futures has to be a proactive effort. It’s time to rethink design and create new pathways to the future. DCODE aims to break new ground by positioning agency as foundational to the design of digital futures as was once the notion of function to industrial design.

Skimmed

Conspiracy / nationalism / extreme right

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STS

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